Malgré l'échec des négociations entre le camp présidentiel et l'opposition samedi à Bujumbura, l'élection présidentielle se déroulera ce mardi 21 juillet. Décryptage.
Un officiel enduit d'encre le doigt
d'un votant à Ngozi au Burundi
le 29 juin 2015 lors des élections législatives.
1. Qui sont les candidats encore dans la course ?
Le seul candidat encore en lice face au président sortant Pierre
Nkurunziza est l’ancien diplomate Gérard Nduwayo de l’Uprona. Les trois autres
candidats auparavant enregistrés étaient Jean Minani, président du parti
Frodebu-Nanyuki (opposition), et les deux anciens chefs de l’État Domitien
Ndayizeye et Sylvestre Ntibantunganya. Tous trois opposés à un troisième mandat,
ils se sont retirés de la course vendredi 17 juillet. Lors d’une conférence de
presse tenue à Bujumbura lundi 20 juillet, ils ont réaffirmé leur retrait du
processus électoral burundais : « Nous retirons nos candidatures de cette
mascarade électorale ».
Agathon Rwasa, principal opposant de Nkurunziza, indique qu’il n’y participera
pas non plus, même s’il n’a pas officiellement retiré sa candidature.
2. Quelle est la position du gouvernement ?
À la veille des présidentielles contestées en majorité par les partis de
l’opposition et de la société civile, le ministre de l’Intérieur Edouard
Nduwimana appelle les Burundais à aller voter massivement et remercie toutes les
parties prenantes pour leur comportement lors des dernières élections
législatives du 29 juin.
3. Quid de la société civile ?
La société civile réunie au sein du collectif Forum pour le renforcement
de la société civile (Forsc) clame haut et fort que cette élection ne les
concerne pas. Pour eux, le CNDD-FDD (au pouvoir) continue son forcing électoral
dans un climat tendu dominé par la peur et la panique.
4. Quelle est la situation en matière de sécurité ?
À Bujumbura, la capitale, la situation était relativement calme jusqu’à
l’explosion cette après-midi d’une grenade. Selon l’AFP, aucune victime n’est à
déplorer. Les Burundais restent néanmoins dans la crainte de voir cette accalmie
perturbée durant la nuit de cette veille d’élection. Le pays a en effet essuyé
une série d’attaques à la grenade et a été confronté, ces derniers jours, à des
combats et affrontements entre armée et rebelles au nord du pays, dans la zone
frontalière avec le Rwanda.
5. Dans quel état d’esprit sont les électeurs ?
Les électeurs sont inquiets quant à des violences qui pourraient éclater
cette nuit. Pour ce qui est de savoir s’ils iront voter ou non, les avis sont
partagés. Un habitant de Gitega, la deuxième ville du pays, s’il dit craindre
pour sa sécurité, il affirme qu’il ira quand même jusqu’aux urnes pour échapper
à la menace des Imbonerakures, l’organisation de jeunesse du parti au pouvoir. «
Je vais boycotter cette élection comme je l’ai fait pour les législatives [du 29
juin dernier] », confie Athanase, un autre habitant de Bujumbura.
6. Qui sont les observateurs / les médias en place ?
Après le retrait des observateurs de l’Union européenne, de la société
civile et de l’Église catholique, quelques observateurs des Nations unies seront
déployés sur le terrain pour relever d’éventuelles irrégularités lors de ce
scrutin largement contesté par les acteurs politiques nationaux et
internationaux. Quant aux médias, le gouvernement garde le monopole de la
communication. Selon Jean Régis Nduwimana enseignant à l’université et analyste
média, « une synergie entre les médias d’État, dont la RTNB, a été mise en place
». Le spécialiste ajoute que des journalistes indépendants, anciens rédacteurs
des médias privés interdits d’informer depuis la tentative de coup d’État
militaire de mi-mai se sont coordonnés pour créer la web radio inzamba.org. Leur
objectif n’est pas de couvrir le scrutin dont la victoire est acquise à Pierre
Nkurunziza mais de relayer la situation sécuritaire et de récolter les réactions
des principaux acteurs politiques à l’issue du vote.
7. Les conditions nécessaires au bon déroulement du
scrutin sont-elles réunies ?
Du côté des organisateurs, toutes les conditions nécessaires pour le bon
déroulement du scrutin sont réunies. Selon Prosper Ntahorwamiye, chargé de la
communication à la Commission nationale électorale indépendante (Ceni), le
matériel électoral a déjà déjà acheminé dans tous les bureaux de vote du
territoire burundais. Il ajoute également que les forces de l’ordre pour
sécuriser le scrutin seront déployées en grand nombre.
8. Quelle est l’attitude de la communauté internationale ?
À la veille de l’élection présidentielle au Burundi, la communauté
internationale ne s’est pas exprimée sur ce scrutin. Bien avant les élections
législatives du 29 juin, l’Union européenne et les Etats-Unis avaient retiré
leurs observateurs du processus électoral. La position de la Belgique était en
outre plus radicale concernant la troisième candidature de Nkurunziza, jugée
anticonstitutionnelle. Elle a menacé de suspendre tous les projets de
coopération avec le Burundi si le président sortant s’obstinait à briguer un
troisième mandat.
La France et les Pays-Bas ont également interrompu tous les fonds en matière de
formation aux forces d’ordre.
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