Le chef de la junte militaire au pouvoir en Guinée, Moussa Dadis Camara, est "hors de danger" après une intervention chirurgicale au Maroc, où il a été évacué d'urgence vendredi suite à un assassinat manqué de son aide de camp.
"Le capitaine Dadis Camara a subi une petite intervention mais il se porte bien", a affirmé son porte-parole, selon Radio France internationale (RFI) captée samedi à Abidjan.
Vendredi, le président du Burkina Faso Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, avait déclaré que Dadis Camara était "dans une situation difficile mais pas désespérée" affirmant qu'il avait "effectivement reçu des balles".
A l'hôpital des Forces royales de Rabat (Maroc) où il a été évacué à bord de l'avion privé du président burkinabé, des médecins avaient assuré que sa vie n'était pas en danger mais que "sa blessure à la tête était très sérieuse". Selon les mêmes sources, "la balle a fracassé une partie de la boîte crânienne et la probabilité qu'il conserve des séquelles de sa blessure est forte".
Le capitaine Camara a été visé par son propre aide de camp, le lieutenant Aboubakar Diakité dit "Toumba", jeudi peu avant 18H00 ( locale et GMT). Le lieutenant "Toumba", selon des sources concordantes, n'aurait pas été arrêté et serait "libre de ses mouvements en lieu sûr".
Le drame intervient à la fin de la mission d'enquête internationale sur les massacres (au moins 150 morts) de civils par des militaires le 28 septembre à Conakry. Le lieutenant " Toumba" qui devait répondre aux questions des enquêteurs de l'ONU au siège de la junte, au camp Alpha Yaya, s'y était refusé par deux fois, se retranchant dans son camp à Koundara, base de la garde présidentielle.
Le chef de la junte a cru nécessaire d'aller voir lui-même son aide de camp à Koundara. C'est au cours de l'entretien que "Toumba " a tiré à bout portant sur lui. Au moins deux personnes ont été tuées dans l'affrontement entre les "bérets rouges" de la garde présidentielle et des gendarmes.
La ville de Conakry, la capitale guinéenne, est calme. L'intérim du capitaine Camara est assuré par le no. 3 de la junte, Claude Pivi. Le général Sékouba Konaté, le no. 2 en voyage au Liban au moment des faits, devait rentrer incessamment.
Les militaires, menés par le capitaine Dadis Camara, ont pris le pouvoir en décembre en 2008 au décès du général Lansana Conté, lui-même porté au pouvoir par un coup d'Etat à la mort de Sékou Touré en 1984.
Dès sa prise du pouvoir, le capitaine Dadis Camara avait dénoncé la gestion de l'ancien régime, le pillage des richesses du pays promettant des élections démocratiques auxquelles il s'était engagé à ne pas être candidat.
Son volte-face plusieurs mois plus tard et les massacres lors des manifestations du 28 septembre dernier contre sa candidature ont plongé le pays dans une crise institutionnelle.
Une médiation est menée par le président burkinabé Blaise Compaoré, entre les Forces vives de la nation (coalition de partis politiques, syndicats et organisations de la société civile) et le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte militaire) pour permettre une sortie de crise qui ouvre la voie à la paix par des élections démocratiques au moment où survient la tentative d'assassinat.
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