Des bailleurs de fonds ont accordé 70 millions de dollars au système éducatif du Zimbabwe, dans l’espoir de mettre un frein au déclin rapide que connaît l’enseignement dans ce pays pourtant autrefois considéré comme l’un des meilleurs en Afrique subsaharienne.
Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), en partenariat avec le gouvernement d’union nationale du Zimbabwe, assurera la distribution des fonds apportés par l’Allemagne, l’Australie, le Danemark, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Commission européenne, pour le compte de l’Union européenne.
Les manuels scolaires sont devenus une denrée rare dans les écoles – l’UNICEF estime que le ratio de manuels par élève est d’environ un manuel pour 10 enfants – et d’après des professeurs exerçant à Harare, la capitale, dans certaines écoles, il arrive que 40 élèves partagent un seul manuel.
« L’objectif … est que chaque enfant du Zimbabwe ait un manuel scolaire d’ici 12 mois. Une évaluation réalisée par la commission consultative sur l’éducation a montré qu’environ 20 pour cent de l’ensemble des écoles primaires ne disposaient pas d’un seul manuel d’anglais, de mathématiques ou de langue africaine », a dit à IRIN Peter Salama, représentant de l’UNICEF au Zimbabwe.
« Ce n’est donc pas étonnant que le taux de passage en septième classe [collège] soit passé de 53 pour cent en 1999 à 33 pour cent en 2007 ; près de 50 pour cent des élèves des écoles primaires ne vont pas jusqu’au secondaire ».
De graves pénuries alimentaires, des épidémies de choléra, une grève des professeurs qui a duré près d’un an en 2008, l’effondrement de l’économie du pays, ainsi que les violences politiques : autant de facteurs qui ont contribué à la dégradation quasi générale du système éducatif.
La formation du gouvernement de coalition en février 2009 a permis au secteur de retrouver une certaine stabilité, les fonctionnaires, dont les professeurs, étant payés en devises étrangères, ce qui leur permettait de ne pas subir les effets de l’hyperinflation. Cependant, il sera très difficile pour le pays de retrouver l’âge d’or de l’éducation.
« Bien que la fréquentation des écoles ait augmenté en 2009, tout tend à indiquer que la plupart des enfants ne reçoivent pas une éducation de qualité », a déclaré M. Salama. « En outre, au Zimbabwe, un enfant sur quatre est orphelin, et essaie de survivre malgré l’insuffisance, voire l’inexistence, des systèmes publics de protection sociale et de l’accès systématique aux services sociaux ».
L’implosion de l’économie du pays à également touché les services de santé : en 2007, l’ONUSIDA (le Programme commun des Nations Unies sur le sida) estimait le taux national de prévalence du VIH à 15,3 pour cent, mais les pénuries de thérapies antirétrovirales et de traitements contre les infections opportunistes ont conduit à de nombreux cas de décès liés au sida.
Une stratégie à deux volets
La tentative de relance du système éducatif passera par une stratégie à deux volets : le Module d’assistance à l’enseignement de base (Basic Education Assistance Module, BEAM), et le Fonds de transition pour l'éducation (Educational Transition Fund), qui apporteront au ministère de l’Education les capacités techniques nécessaires à la distribution des manuels.
« Le BEAM agira du côté de la demande, en permettant à plus de 700 000 enfants zimbabwéens particulièrement vulnérables ou handicapés d’aller à l’école », a expliqué M. Salama.
David Coltart, ministre de l’Education, a déclaré qu’il s’agissait d’une avancée très importante, mais qu’elle pouvait être remise en cause si les professeurs décidaient de mener une action revendicative. « En ce qui concerne la restauration de l’enseignement de base, ma principale mission est de favoriser […] la formation d’un corps professoral motivé, engagé et professionnel […] Peu importe la quantité de matériel pédagogique que nous achèterons : [sans professeurs], les enfants continueront à stagner ».
17 septembre 2009 .irinnews