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Côte d'Ivoire: pouvoir et opposition s'empoignent autour de la commission électorale

L'opposition politique et le camp présidentiel en Côte d'Ivoire sont à couteaux tirés au sujet de la Commission électorale indépendante (CEI), en charge de l'organisation des élections, accusée par le pouvoir d'avoir frauduleusement inscrit des personnes sur la liste électorale en confection.

La bombe a été lâchée samedi soir à la télévision nationale par le porte-parole du président Laurent Gbagbo, Gervais Coulibaly qui affirme que le président de la CEI, Robert Beugré Mambé, a procédé à un croisement clandestin pour intégrer à la liste électorale définitive 429 000 personnes dont les cas avaient été jugés litigieux lors des premiers croisements.

"Aucune fraude, aucune manipulation, aucun tripatouillage de quelque nature que ce soit ne saurait être toléré", a-t-il prévenu assurant que "tout sera mis en oeuvre pour parvenir dans plus grande transparence" à l'élection.

Les effets domino de cette déclaration ne vont pas tarder à se faire sentir. Dimanche, le Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel) évoque "une vaste opération de fraude conduite par le président Robert Mambé". Estimant que ces faits sont d'une " extrême gravité" et portent atteinte à la "crédibilité de la CEI mais surtout à l'honorabilité et à l'image de la Côte d'Ivoire", le FPI "exige" la démission de M. Mambé, des poursuites judiciaires contre lui, l'audit de la CEI et la recomposition de la CEI "de façon à rééquilibrer les parties en présence".

"Du bruit pour rien", se défend de son côté la CEI qui soutient que son président n'a "à aucun moment donné instruction pour l'inscription sur la liste électorale définitive de personnes provenant d'un quelconque croisement".

Elle indique qu'à la fin du contentieux électoral samedi, 465 461 requêtes ont été validées sur 512 755 dossiers traités pour un total de 558 623 réclamations reçues.

La liste électorale validée compte 5,3 millions d'Ivoiriens sur 6,3 millions de personnes enrôlées lors de l'opération d'identification de la population et de recensement électoral. Un peu d'un million de personnes présentées comme des cas litigieux attendent de voir leur inscription validée à l'issue du contentieux électoral.

Pour l'organisation des "jeunes patriotes" (partisans de Laurent Gbagbo) conduits par Charles Blé Goudé, la cause est entendue. "Nous considérons que c'est une trahison, c'est pourquoi nous exigeons la démission de Robert Mambé, que M. Mambé soit mis à la disposition de la justice par ce qu'il est un danger pour la Côte d'Ivoire et que les élections soient confiées à une structure dirigée par les responsables religieux".

C'est l'opposition politique réunie au sein du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qui va voler au secours du président de la CEI issu du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). Dans une déclaration lundi, elle " félicite" M. Mambé pour "l'excellent travail" abattu et considère que les accusations du camp présidentiel ne sont que des " allégations mensongères et des manoeuvres dilatoires (qui) confirment la volonté manifeste" du camp présidentiel de ne pas aller aux élections.

Devant la sortie musclée des "jeunes patriotes", elle a sonné la réplique appelant sa jeunesse à se mobiliser "sur toute l'étendue du territoire" pour "porter la riposte" afin de faire échec à "la volonté de confiscation du pouvoir" et à l'instauration d'un "régime dictatorial".

Cette montée de fièvre de la situation politique n'est pas conséquence sur le processus et le chronogramme électoral qui prévoit le scrutin présidentiel fin février-début mars et risque d'enrhumer l'ensemble du processus de sortie de crise.

Pour tenter de ramener la confiance entre les principaux acteurs de la crise ivoirienne et les inviter sans doute à mettre balle à terre, le Premier ministre Guillaume Soro a décidé le retrait immédiat du support numérique contenant une liste de 429 000 personnes croisées en interne par la CEI, à l'origine de la levée de boucliers, et l'élaboration d'un mode opération associant toutes les structures impliquées dans le processus électoral pour examiner les réclamations issues du contentieux électoral.

Après une visite de travail à Ouagadougou avec le président Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise ivoirienne, M. Soro a appelé mardi à une réunion toutes les structures impliquées dans le processus électoral sous l'oeil du chef de la mission onusienne en Côte d'Ivoire et du représentant à Abidjan du facilitateur dans la crise ivoirienne, pour trouver les moyens de dénouer la crise.

french.news.cn
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