Recherche sur l'Afrique > Actualités de l'Afrique > Guinée: Le retour de Dadis Camara perturbera-t-il le processus électoral en Guinée ?

Guinée: Le retour de Dadis Camara perturbera-t-il le processus électoral en Guinée ?

L'arrivée surprise du président de Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) de Guinée, Moussa Dadis Camara, mardi dans la nuit à Ouagadougou, a provoqué un tollé général au niveau des Africains et surtout des occidentaux qui entendent tourner la page Dadis en l'écartant de la transition en Guinée.

Quelle sera la prochaine destination du chef de la junte ? Va- t-il rentrer en Guinée ou se trouver un autre pays d'accueil ? Ce sont les interrogations que posent les observateurs de la scène politique africaine qui cherchent également à comprendre l'immixtion des occidentaux dans la gestion du pouvoir en Guinée.

Les tractations ces derniers jours du médiateur de la crise guinéenne, le président burkinabé Blaise Compaoré avec le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner qui a bouclé sa tournée africaine par Ouagadougou le 10 janvier 2010 et avec l'émissaire du président Abdoulaye Wade, Maître Madické Niang, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères du Sénégal le 11 janvier 2010 en disent longs sur les intentions réelles des occidentaux de fermer la parenthèse Dadis Camara et des Africains de lui trouver un point de chute.

Selon les mêmes observateurs, le médiateur Compaoré aurait demandé aux Français de tenir compte de Dadis dans la phase de transition en Guinée, une proposition rejetée du revers de la main par Bernard Kouchner. Le chef de la diplomatie française estime que le retour de l'homme fort de Guinée dans son pays sera préjudiciable pour le processus électoral que son successeur Sékouba Konaté vient de relancer.

C'est pourquoi, sous la pression des occidentaux, notamment la France et les Etats-Unis d'Amérique, le Sénégal qui devait initialement accueillir le chef de la junte pour sa convalescence, a envoyé un émissaire au Burkina Faso rencontrer le président Compaoré pour lui expliquer la complexité du pays de Abdoulaye Wade à recevoir Dadis Camara.

Le Sénégal qui avait ouvertement pris position pour le chef de la junte au lendemain de sa prise de pouvoir, a maille à partir avec l'opposition et la société civile guinéenne qui pensent que c'est sous les conseils du président sénégalais que Dadis veut être candidat à la prochaine élection présidentielle pour conserver le pouvoir.

Pourquoi après sa visite à Rabat au chef de la junte, Sékouba Konaté a-t-il relancé le processus électoral ? Les observateurs de la scène politique africaine trouvent que cette décision a été prise sous la pression des puissances occidentales qui, après les massacres du 28 septembre 2009, ont disqualifié Dadis Camara de la direction du pays.

Les mêmes observateurs croient que la disqualification de Dadis de la direction du pouvoir à Conakry serait motivée par le fait que le chef de la junte a signé un contrat d'exploitation minière avec une entreprise chinoise alors que ce privilège était depuis toujours réservé à l'ancienne mère colonie. "Les Africains seront-ils indépendants un jour pour prendre en main la destinée de leurs pays ?", s'interrogent les observateurs qui rechignent la main mise des occidentaux sur les richesses minières de l'Afrique.

Ils sont nombreux, les Guinéens - et même les Africains - qui s'interrogeaient sur l'état de santé réel du chef de la junte militaire qui a été évacué le 4 décembre 2009 à Rabat (Maroc) pour des soins, après la tentative d'assassinat de son aide de camp le 3 décembre 2009.

En descendant de l'avion, mardi dans la nuit à l'aéroport militaire de Ouagadougou, le président Dadis Camara marchait, même si c'est difficilement, soutenu par deux personnes et a échangé longuement avec les proches du président Compaoré, à savoir le chef d'état-major particulier de la présidence burkinabé, Gilbert Diendjéré, et le ministre en charge des Affaires étrangères, Alain B. Yoda, venus l'accueillir.

L'accueil qui lui a été réservé sans fanfare, ni trompette à l'image d'un chef d'Etat avec à sa tête le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Alain Yoda laisse comprendre que la page Dadis est en train d'être tournée.

Selon des sources proches de la présidence du Burkina Faso, Moussa Dadis Camara a été convaincu par le médiateur de rester encore au Burkina pour poursuivre sa convalescence. Le président Compaoré se serait aussi entretenu avec les militaires du clan Dadis afin que ces derniers se patientent en attendant le retour de leur idole.

Par-delà toutes ces questions sur un éventuel retour ou non de Dadis Camara à Conakry, d'autres questions viennent se greffer à une situation politique délicate où la stabilité sociopolitique du pays est loin de se dessiner. Comment maîtriser les troupes et convaincre les fidèles du clan du chef de la junte que la page Dadis est désormais tournée ?

Aussi bien dans l'armée qu'au sein des Forces vives de ce pays, l'entente reste le véritable cheval de bataille et Dieu seul sait que le consensus est loin de se dessiner. La nomination d'un Premier ministre dans les rangs de l'opposition finira peut être d'étaler la division de l'opposition au grand jour.

Il est attendu dans les prochaines heures, selon des sources proches de la présidence burkinabé, l'arrivée à Ouagadougou de Sékouba Konaté pour des échanges sur l'accélération du processus électoral.

french.news.cn
  Envoyer cet article

Naviguer à travers les articles
Article précédent Camreoun: Les accords de partenariat économique entre l'Afrique et l'UE jugésdéstabilisateurs pour l'intégration africaine Côte d'Ivoire: le PM installe un "comité de suivi" pour la confection de la liste électorale Article suivant
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.