Secouée par une guerre civile sanglante qui, de 1998 à 2003, a causé plus de 2 millions de morts, de source onusienne, la République démocratique du Congo (RDC) tente de se reconstruire. Qualifiée de "scandale géologique" du fait de ses richesses naturelles, en particulier les ressources minières, elle offre aux artisans une mine de matières premières pour leur travail. Présent à la conférence ministérielle du Comité de coordination pour le développement et pour la promotion de l'artisanat africain (CODEPA) et la deuxième édition du Salon international de l' artisanat du Cameroun (SIARC) qui se tient du 22 au 31 janvier à Yaoundé, le ministre des Petites et moyennes entreprises (PME), Claude Nyamugabo, s'est réjoui dans une interview exclusive avec le correspondant de Xinhua de l'adoption d'une Charte des petites et moyennes entreprises et de l'artisanat chargée d'aider les acteurs de la filière et de contribuer à l'émergence d'une classe moyenne.
Monsieur le ministre, quel est l'état des lieux de l'artisanat en RDC ?
Les artisans en République démocratique du Congo sont talentueux et notre pays se présente comme un réservoir des matières premières pour l'artisanat. J'en veux pour preuve la qualité et la diversité du bois dans notre pays, l'ivoire et tant d'autres matières premières qui servent pour que notre artisanat contribuent à l'émergence de notre économie. Compte tenu de cela, nous avons mis sur pied une Charte des petites et moyennes entreprises et de l'artisanat qui est le document fondateur des relations entre le gouvernement de la République et les artisans.
Quelles sont les grandes lignes de cette charte ?
C'est un document dans lequel le gouvernement a pris plusieurs engagements, en vue de faire accéder l'artisanat aux financements. J'ai dit que les artisans congolais sont très talentueux, mais ils ont un problème d'accès aux financements pour éclore leur savoir- faire. Et nous, en tant que gouvernement, nous nous sommes engagés, sous l'inspiration du président de la République, Joseph Kabila Kabange, qui veut résorber le chômage dans notre pays, à faire favoriser l'accès aux financements aux acteurs du secteur des petites et moyennes entreprises et de l'artisanat. Dans les jours qui vont venir, ces artisans vont accéder aux crédits qui vont les aider à éclore leur savoir-faire, comme je l' ai dit, pour contribuer ainsi à l'émergence d'une classe moyenne en RDC. Le chef de l'Etat y tient énormément. Notre pays est extrêmement riche, mais actuellement, il n'y a que deux classes ( les riches et les pauvres). L'émergence d'une classe moyenne passe par les artisans, parce que c'est l'argent que génère qui circule beaucoup au Congo. Il est différent de l'argent que génèrent les multinationales qui, pour une partie, va à l'étranger et une autre partie, bien sûr, reste au pays. Cette classe moyenne passe par un artisanat bien encadré.
Quand est-ce que la charte a-t-elle été signée ?
Elle a été signée entre le gouvernement de la République et les artisans le 24 août 2009. Elle est donc très récente, nous sommes en train de la mettre en pratique actuellement. Et comme je ne cesse de le dire, 2010 c'est l'année des petites et moyennes entreprises congolaises et l'année de l'artisanat congolais. Vous savez que 2010 est le cinquantenaire de notre pays, c'est un moment très important pour lequel nous allons marquer un temps d' arrêt pour réfléchir à ce que nous avons fait de notre pays pendant les 50 ans d'indépendance, ce que nous en faisons maintenant et projeter une vision nouvelle incarnée par le leader bâtisseur, le président Joseph Kabila qui a une vision en cinq chantiers. Notre pays est en train de se reconstruire, de se transformer grâce à ses efforts. Donc, les PME vont contribuer efficacement, car il faut souligner qu'en République du Congo, les PME constituent 80% de l'économie nationale.
Ces artisans sont-ils recensés ? Combien sont-ils ?
Les artisans jusqu'à une période récente n'était pas recensés. Mais, nous avons lancé le projet de gouvernance électronique de l' artisanat dans notre pays et donc les artisans sont maintenant en train d'être recensés et nous leur donnons une carte à puce, une carte sécurisée qui comporte beaucoup d'avantages, dont l'accès aux crédits et aux financements. Ce recensement va nous aider à avoir une banque de données des artisans pour nous amener à faire une bonne politique en leur faveur.
Existe-t-il un fonds d'aide en leur faveur ?
Nous sommes en train de créer le Fonds de promotion de l' artisanat dans notre pays et avec le concours des partenaires, nous sommes confiants que les artisans de notre pays vont bénéficier de ce fonds d'aide que nous sommes en train de mettre en place.
Selon vos précisions, quel sera le montant ?
Nous ne pouvons pas parler du montant maintenant, parce qu'au ministère des Petites et moyennes entreprises, nous avons ce que nous appelons la gouvernance de proximité qui veut que nous ne fassions pas le bonheur des artisans sans eux. Donc, nous sommes en pleine concertation avec les associations professionnelles et patronales des artisans pour mettre sur pied ce fonds de promotion de l'artisanat. Nous allons le budgétiser avec eux, parce que nous ne pouvons pas faire leur bonheur sans leur concertation et leur consentement.
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