Six Kenyans ont été tués et plus de 2000 habitants d'un village forcés de fuir leurs maisons suite aux attaques d'une milice éthiopienne dans le district de Lokituang, a annoncé mardi un officiel kenyan.

La milice Merrile a attaqué Todonyang, un village reculé du Kenya près de la frontière avec l'Ethiopie, vendredi dernier et abattu deux policiers et un civil.

Le commissaire du district de Lokitaung, Jack Obuo, a indiqué que les Ethiopiens ont volé les deux fusils des policiers abattus et enlevé trois pêcheurs locaux.

Les corps des deux pêcheurs ont été retrouvés flottant dans le lac Turkana avec certains organes en moins.

"Leurs corps ont été retrouvés flottant dans le lac Turkana et leurs organes, notamment les oreilles, les orteils, les nez, avaient disparu," a indiqué Obuo. L'officiel a indiqué qu'il était en négociations avec les autorités éthiopiennes pour récupérer les fusils pris par les miliciens.

"Je m'en vais à Omorate en Ethiopie en compagnie de l'équipe de sécurité de mon district pour introduire une plainte officielle au sujet de l'attaque et négocier aussi la recupération des fusils," a confié Obuo à Xinhua depuis Lokitaung.

La tension s'est accrué à la frontière avec le départ des Kenyans de la région suite à la montée de l'insécurité alimentée par le territoire de pêche et la rareté du pâturage.

Un prêtre de l'Eglise catholique de Todonyang, le frère Steven Ochieng, a indiqué que les villageois ont cherché refuge dans l'enceinte de l'église où ils sont nourris et reçoivent des soins. Il a aussi ajouté que 60 personnes ont été tuées dans la région par la milice armée Merrile ces dix derniers mois.

"Nous avons enterré plus de 60 personnes ici tuées par les Ethiopiens et nous regrettons que le gouvernement ne fasse rien pour stopper ces attaques," a déploré Ochieng.

Un humanitaire, Sam Akale, a indiqué que les attaques se sont accrues ces derniers temps suite à l'opposition kenyane à la construction d'un barrage sur la rivière Omo par l'Ethiopie pour la production de l'électricité.

"Il y a une insécurité croissante à la frontière après la protestation des pêcheurs kenyans contre le barrage sur la rivière Omo, principal affluent du lac Turkana," a indiqué Akale.

Les résidents avec l'appui des environnementalistes, ont organisé quatre manifestations de protestation contre la construction du barrage, dont à peine le tiers des travaux a été achevé, estimant qu'il constituait une menace pour le lac Turkana.

Le célèbre écologiste kenyan, le Dr. Richard Leakey, a prévenu que les conditions de vie des centaines de milliers de Kenyans habitant autour du lac Turkana, le plus grand lac désertique du monde, seront dégradées.

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