Le processus électoral ivoirien se trouve aujourd'hui dans la tourmente avec la bataille politico- juridique au coeur de laquelle se trouve la commission électorale.
La présumée fraude sur la liste électorale a entraîné un remue- ménage à la structure en charge d'organiser les élections et fait installer un malaise dans le pays.
"L'air est quelque peu troublé", a reconnu le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro dont la visite vendredi à Ouagadougou visait à rendre compte de la situation au facilitateur du dialogue direct inter-ivoirien, le président burkinabé Blaise Compaoré.
Tout comme la population, des organisations de la société civile ivoirienne s'inquiètent de ce climat devenu délétère.
"La CEI se trouve au centre d'un bras de fer entre le pouvoir et l'opposition. Cela n'est pas fait pour arranger les choses. Toute chose a une fin. Il faut donc que cette crise prenne fin pour que nous prenions le chemin des élections", a indiqué François Kouma, secrétaire général de la Coalition nouvelle de la société civile de Côte d'Ivoire (Cnscci).
Pour sa part, la présidente de l'organisation Coeurs de paix Laurence Koné estime qu'il urge d'agir pour décanter cette crise qui bloque le processus électoral.
"Le facilitateur et l'ONU doivent faire des recommandations fermes et prendre des résolutions idoines. Déjà il y a eu des affrontements. Il faut parer au plus pressé pour éviter que le pire arrive", a plaidé Mme Koné.
"L'ONU a souhaité que l'élection présidentielle soit organisée d'ici juin, mais à cette allure où vont les choses, cette nouvelle période risque d'être compromise", a-t-elle énoncé.
Le scandale a éclaté en janvier après que plusieurs étapes du processus électoral comme les audiences foraines et l'identification en vue de l'établissement de la liste électorale furent réalisées, à la satisfaction des observateurs.
Le camp présidentiel accuse le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Beugré Mambé, d'avoir tenté d'inscrire frauduleusement 429.000 personnes sur la liste électorale définitive et a exigé sa démission. Ce dermoer a rejeté les accusations. Pourtant, à l'issue d'une enquête diligentée par le ministre de l'Intérieur, la justice ivoirienne l'a reconnu coupable de fraude, selon un communiqué publié vendredi.
Lors d'une conférence de presse samedi à son domicile, M. Mambé a de nouveau rejeté les accusations de fraude et fait état de sa volonté de rester à son poste pour poursuivre la mission que lui a confié son pays.
Parallèlement, des affrontements ont eu lieu entre les forces de l'ordre et des manifestants de l'opposition dans des villes dont ainsi l'objet de violences dans le pays. Les forces de l'ordre et les manifestants se sont affrontés dans plusieurs villes dont Katiola (nord), Divo (centre-ouest) et Man (ouest), sur fond de contentieux électoral.
Les partisans de l'opposition ont vivement protesté dans ces localités, accusant le pouvoir d'amener les tribunaux à procéder à des radiations "arbitraires" des noms de certains de leurs militants de la liste électorale.
Le calme est revenu dans le pays, mais pour nombre d'observateurs il s'agit d'un calme précaire, d'autant plus que le processus électoral ivoirien est un processus à rebondissements.
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