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Cameroun: annoncer des exportations de proximité pour améliorer sa balance commerciale

Le gouvernement camerounais a décidé de mettre en place un programme de développement des exportations dites de proximité en vue d'améliorer la balance commerciale, déficitaire, annoncent des sources du ministère du Commerce à Yaoundé, la capitale du pays.

"Le ministre du Commerce veut développer des exportations de proximité. Il a élaboré un programme d'action pour cela. Pour cette année, le calendrier prévoit six pays sur lesquels le département va jeter son dévolu", a révélé vendredi Emmanuel Mbarga, chef de la cellule de la coopération internationale de ce ministère. Il s'agit, a-t-il précisé, du Gabon, de la Guinée équatoriale, de l'Angola, de l'Afrique du Sud, de la République démocratique du Congo (RDC) et du Nigeria.

Le Gabon et la Guinée équatoriale sont deux pays appartenant à la même région que lui, la Communauté économique et monétaire l'Afrique centrale (CEMAC), avec lesquels le Cameroun entretient d'importants échanges commerciaux. C'est surtout lui qui importe en direction d'eux des quantités appréciables de produits agricoles, principalement alimentaires.

Cette relation se matérialise d'ailleurs par l'existence à la frontière camerounaise de deux grands marchés commerciaux qui servent en l'occurrence de mamelle nourricière à ses deux voisins. Car, ces derniers, qui tirent l'essentiel de leurs revenus de la production pétrolière, investissent peu dans l'agriculture.

Au sein de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC) qu'il partage par ailleurs avec eux, l'Angla et la RDC, avec respectivement une population de quelque 13 millions et de près de 70 millions d'habitants, représentent à leur tour un marché à fort potentiel économique pour le Cameroun (18 millions d'habitants).

En Afrique du Sud et au Nigeria (autre pays voisin), ce sont 50 millions et environ 150 millions de consommateurs qui sont visés par la stratégie de développement des exportations camerounaises.

"En réalité, c'est une politique de conquête des marchés entamée l'année dernière, à l'occasion des Journées commerciales du Cameroun à Calabar (capitale de l'Etat de Cross River, dans le Sud-ouest du Nigeria), organisées en octobre 2009", a souligné M. Mbarga.

"Si la production suit, les exportations vont augmenter et cela va permettre d'émousser le déficit de la balance commerciale", assure-t-il.

Selon lui, ce déficit de la balance commerciale, hors pétrole, était de 655 milliards de francs CFA (environ 1,310 milliard USD) en 2009, contre 700 milliards de francs (soit près de 1,4 milliard USD) l'année précédente.

Hormis l'or noir, le bois, le cacao, le café, la banane, l'hévéa et le coton représentent les principaux produits d'exportation du Cameroun.

Le pays a enregistré une production record de cacao de 230.000 tonnes en 2009, tandis que les statistiques mentionnent 56.000 tonnes pour le café (arabica et robusta confondus), 270.000 tonnes pour la banane dessert et 115.000 tonnes pour le coton.

Pour le bois, la production totale annuelle est évaluée à 2,3 millions de mètres cubes.

Le pays produit également des céréales (riz, blé, maïs, etc.), mais en quantités insuffisantes pour répondre même déjà aux besoins du marché national. Par conséquent, les importations tiennent la vedette. "Le Cameroun dépense environ 200 milliards de francs CFA ( environ 400 millions USD) par an dans les importations de céréales, alors qu'il y a 10 ans il ne dépensait que 50 milliards de francs par an (environ 100 millions USD)", affirme le chef de la cellule de la coopération internationale du ministère du Commerce.

Rien que pour le riz, les importations sont passées en 10 ans de 15 (environ 30 millions USD) à plus de 110 milliards de francs CFA (environ 220 millions USD), apprend-on.

La France, la Chine, les Etats-Unis, les Pays-Bas et l'Allemagne sont les cinq pays premiers importateurs hors pétrole du Cameroun, alors que dans les cinq premiers exportateurs, les Pays-Bas se classent en tête, suivis de la France, de l'Italie, de la Chine et de l'Espagne.

En 2008, les exportations vers la Chine se chiffraient à 72 milliards de francs CFA (environ 144 millions USD), contre 60 milliards (environ 100 millions USD) en 2007 et 63 milliards en 2006 (environ 126 millions USD).

Coté importations, on les évalue à 180 milliards de francs CFA (environ 360 millions USD) en 2008, contre 148 milliards (environ 250 millions USD) en 2007 et 104 milliards (environ 208 millions USD) en 2006.

En direction du marché américain, le pays a exporté pour une valeur de 21 milliards de francs CFA (environ 42 millions USD) en 2008, contre 27 milliards (environ 54 millions USD) en 2007 et 119 milliards (environ 238 millions USD) en 2006.

Les statistiques des importations font état de 118 milliards de francs CFA (environ 236 millions USD) en 2008, 123 milliards ( environ 206 millions USD) en 2007 et 47 milliards (environ 94 millions USD) en 2006.

En revanche, à destination de la France, les exportations ont généré 154 milliards de francs CFA (environ 308 millions USD) en 2008, contre 224 (environ 448 millions USD) en 2007 et 197 milliards (environ 394 millions USD) en 2006.

Les importations sont de 358 milliards de francs CFA (environ 716 millions USD) en 2008, contre 353 milliards (environ 706 millions USD) en 2007 et 288 milliards environ 554 millions USD) en 2006.

Le faible volume des exportations en direction du marché américain traduit les difficultés d'accès à ce marché dues à une absence de normes qui caractérise les produits camerounais. Cette réalité se rapporte aussi aux marchés de l'Union européenne (UE) et aux pays asiatiques comme le Japon.

Dans une stratégie de développement adoptée fin 2009 et qui vise une croissance moyenne annuelle de 5,5% au cours de la période 2010-2020, le gouvernement camerounais a décidé d'entreprendre une politique d'échanges commerciaux "plus offensive, ambitieuse et innovante".

Cette politique se caractérise par une série de mesures destinées à corriger les défaillances et faiblesses en vue de tirer profit, au-delà la seule région d'Afrique centrale, des opportunités d'affaires offertes par les marchés nord-américain et européen, puis des pays émergents comme le Brésil, l'Inde et la Chine.

Parmi ces mesures, figurent la mise en place de l'Agence de promotion des investissements et l'agence de la norme et de la qualité.

french.news.cn
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