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Le mauvais état des routes entrave l'intégration en Afrique (ANALYSE)

Les responsables africains de l'entretien routier regroupés à Yaoundé pour une réflexion sur les défis de ce secteur s'accordent à dire qu'une faible quantité de routes est en bon état en Afrique subsaharienne, ce qui entrave les processus d'intégration régionale encouragés par l'Union africaine (UA), l'organisation continentale.

SEULEMENT 30 à 35% DES ROUTES EN BON ETAT

"Les réseaux routiers africains au jour d'aujourd'hui sont pour la plupart dans un état de dégradation relativement avancé. Dans chacun des pays membres de l'AGEPAR, entre 30 et 35% des routes sont en bon état et le reste dans un médiocre", a observé à Xinhua Tchona Idossou, coordonnateur de l'Association des gestionnaires et partenaires africains des routes (AGEPAR).

Cette association oeuvre pour l'amélioration des infrastructures routières, en tant que partenaire de l'Association des Fonds d'entretien routier d'Afrique (AFERA), principal acteur du secteur qui organise lundi et mardi à Yaoundé, en marge des travaux de son Assemblée générale, un atelier technique sur "la gouvernance des Fonds d'entrerien routier (FER) face aux défis de la décentralisation et de l'intégration régionale en Afrique".

Créée en 2003 dans la capitale camerounaise, où se trouve également son siège, l'AFERA regroupe en son sein 29 pays d'Afrique subsaharienne, parmi les 53 Etats du continent. D'un pays à l'autre, les problèmes sont sensiblement identiques, affirment les responsables du secteur.

"A Madagascar, nous n'avons pour l'instant que 24% du réseau routier qui est en bon état et 70% en moyenne est plutôt en mauvais état", a par exemple révélé lundi à Yaoundé, Loly Robinson, secrétaire général du Fonds routier de Madagascar et présidente sortante de l'AFERA.

Une étude menée par l'Association des gestionnaires et partenaires africains des routes, anciennement Association des directeurs africains des routes créée en 1995 à Yamoussoukro en Côte d'Ivoire, a indiqué que l'existence des nids de poule sur une route peut augmenter de 30% le coût d'exploitation d'un véhicule.

Ce mauvais état des infrastructures ne facilite pas l'intégration entre les différentes régions africaines. Il limite la libre circulation des biens et des personnes, déjà entravée dans certains cas par des obstacles politiques liés aux querelles de leadership entre des dirigeants des pays d'une région.

Par exemple, les échanges commerciaux entre les six pays ( Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine et Tchad) de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC) se chiffrent à seulement 5%.

Or, a remarqué dans un exposé lundi à l'atelier technique de l'AFERA un universitaire camerounais, Bernard Guimdo Dingmo, professeur de droit et de science politique à l'Université de Yaoundé II, le processus d'intégration régionale en Afrique est fortement tributaire du développement des transports.

Un expert de la Banque mondiale, Stephen Vincent, a indiqué que "l'Afrique subsaharienne a besoin de 90 milliards de dollars d'investissement dans le domaine des infrastructures (eau, santé, électricité, routes, etc.)".

DEDOUBLEMENT DES PROGRAMMES

Les besoins sont colossaux. Et il existe un autre problème : d'après une autre analyse faite par Roger Tsafack Nanfosso, professeur d'économie dans la même université, ce processus d'intégration brille par un caractère éparpillé et juxtaposé. De plus, les enjeux liés à cette même révèlent une conscience africaine mitigée.

"Le Traité d'Abuja (1991) divise l'Afrique en cinq régions qui doivent conduire à une Communauté économique africaine : Afrique du Nord, Afrique de l'Ouest, Afrique centrale, Afrique de l'Est et Afrique australe)", a-t-il noté, relevant qu'"au lieu de cinq Communautés économiques régionales (CER), on en dénombre aujourd'hui 14".

Précisément, "chaque région, s'est exclamé l'économiste, compte entre 3 et 4 CER en moyenne !". Résultat : "les asymétries d'information, la multiplicité des traités et protocoles, et le parallélisme de fonctionnement des CER conduisent à un dédoublement des programmes".

"Cet éparpillement rend très onéreuse l'intégration et est définitivement préjudiciable à son efficacité", a conclu Tsafack Nanfosso.

2009-10-14 french.news.cn
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