Dr Jean Ping, president de la commission de l'union africaine a distribu une declaration a l'ocasion de la journee international de la femme.
selon de site de UA (africa-union.org)' voila ce message:
"Comme chaque année, le 8 mars, la Commission de l’Union africaine joint sa voix au concert des Nations pour célébrer la Journée internationale de la femme, officialisée par les Nations Unies en 1977, soit deux ans après l'Année internationale de la femme. A cette occasion, je suis heureux de féliciter chaleureusement, les femmes de tous les continents et plus particulièrement les femmes africaines, à savoir, nos mères, nos épouses, nos sœurs et nos filles.
La journée internationale de la femme symbolise, en effet les fruits d'un large processus de luttes, de revendications et de débats pour les droits des femmes et également les parcours silencieux de millions des femmes dans le monde entier. En rappelant ces combats et toutes ces victoires, le 8 mars représente une journée de reconnaissance dans bon nombre de pays. Au cours des années, cette journée est devenue l'occasion idéale de dresser le bilan des progrès accomplis, d'identifier les difficultés que les femmes doivent encore surmonter dans la société actuelle et de réfléchir par ailleurs aux mesures à prendre afin d'améliorer davantage le statut et la condition des femmes dans le monde entier.
Le choix du thème de la Journée internationale de la femme cette année, « Égalité des droits, égalité des chances: progrès pour tous », illustre bien la prise de conscience générale de la nécessité de la défense et de la promotion des droits de la femme quels qu’ils soient, civils et politiques, économiques, sociaux et culturels, si l’on veut assurer la réalisation des objectifs de développement et de progrès, de paix et de sécurité dans nos sociétés, dans nos pays et sur nos continents. A cet égard, je me réjouis de constater que l’année 2010 est une année importante et chargée dans le calendrier du droit de la femme : Sur le plan international, elle sera marquée par le quinzième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et le dixième anniversaire de la Résolution 1325; sur le Continent, les femmes africaines commémoreront la sixième année depuis l’adoption de la Déclaration solennelle sur l’égalité des genres en Afrique (SDGEA) et cela six ans après que le Protocole à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatifs aux Droits de la Femme en Afrique, soit entré en vigueur. 2010 est aussi l’année du lancement de la Décennie de la Femme africaine 2010-2020, décidée par nos Chefs d’Etat et de Gouvernement lors de leur 12è Sommet à Addis Abéba ainsi que de la création du Fonds pour les femmes africaines, décision qu’ils ont adoptée lors de leur 14è Sommet ordinaire en février de cette année. Ce sont autant d’avancées réalisées sur les engagements pris ces dernières années par la Communauté internationale et par l’Union africaine en faveur des femmes que de rendez-vous de l’Histoire à ne pas manquer au titre des nombreux défis encore à relever dans ce qui devrait être une évidence, l’égalité en droits et en dignité des femmes et des hommes, particulièrement pour ce qui est de l’autonomisation des femmes et surtout l’amélioration des réalités de nombreuses femmes partout dans le monde et sur notre continent, qui vivent sous la menace quotidienne de la guerre, du terrorisme, de la violence ainsi que dans une situation de précarité morale et physique et de pauvreté.
En Afrique, bien que les changements promis dans le cadre des initiatives continentales évoquées précédemment ne se fassent pas encore ressentir dans le quotidien des femmes, nous devons savoir que les Etats africains n’ont pas lésiné sur les mesures concrètes à prendre pour la promotion de la femme dans les 12 domaines recommandés par le Programme d’Action de Beijing. Ainsi au niveau de l’école primaire, la plupart de nos pays sont susceptibles d’atteindre la parité vers 2015. Cette impressionnante amélioration ne se reflète toutefois pas au niveau de l’enseignement secondaire et si le continent est encore en retard dans ces domaines et partant pour ce qui est des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), en comparaison avec d’autres régions, c’est en grande partie à cause de ses ressources limitées. Par ailleurs, la persistance des conflits en Afrique constitue un autre obstacle majeur et tant que la paix ne sera pas instaurée dans les zones concernées, la mise en œuvre des programmes pour la femme ne peut être réalisée. C’est ce qui ressort notamment de la réunion de Banjul en novembre dernier, lors de la 8è Conférence régionale africaine sur la femme (Beijing+15).
L’on ne peut plus ignorer cependant l’influence et le rôle crucial joués par les femmes dans la résolution de conflits, le processus de négociation de la paix et la quête de la justice sociale sur la scène locale, régionale et nationale sans oublier que même si elles peuvent être les premières victimes des violations des droits de l’Homme, ce sont aussi les premières actrices de la reconstruction et du développement. Les femmes par exemple fournissent l’épine dorsale de l’économie rurale dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne : environ 80% de la main d’œuvre féminine économiquement active est employée dans l’agriculture et elles constituent environ 47% de la main d’œuvre agricole totale. Malgré la reconnaissance croissante de la contribution des femmes dans ce secteur, leur accès aux ressources ne s’est pas encore notablement amélioré.
Aujourd’hui, comme dans la plupart des pays du monde, si les femmes africaines ont conquis l'égalité juridique et législative, l'égalité dans les faits reste encore à établir. Néanmoins, depuis Beijing, l’Afrique a eu une femme Présidente du Parlement Panafricain (PAP), une autre Chef d’Etat en exercice à ce jour, une Vice-présidente et l’Afrique a le plus fort taux de progression du monde dans la représentation des femmes dans les parlements, avec un pourcentage de 10% sur les 18,8% du pourcentage total des femmes parlementaires dans le monde au 1er janvier 2010. Cela ne doit pas cependant occulter les barrières culturelles, les préjugés, les mauvaises habitudes ainsi que les problèmes liés à leurs obligations domestiques à leurs responsabilités sociales qui sont réels. De même, force est de reconnaître que malgré la mise en place sur notre continent, de mécanismes pour l’intégration de l’égalité des genres et pour une dévolution du pouvoir aux femmes, les préoccupations de genre continuent à être traitées de façon purement rhétorique sinon simplement comme des projets distincts pour femmes.
Nous sommes conscients que nous devons tous agir au plus vite et au mieux et qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre une pleine égalité des droits. La Commission de l’Union africaine s’est efforcée d’être à la pointe de ce combat en mettant notamment en place une Direction du genre et en encourageant les Etats membres de notre Organisation à mettre en application les engagements pris sur le genre afin de permettre à l’Afrique de gagner d’ici la fin de la présente décennie, la bataille pour l’égalité entre les sexes et la promotion de la femme. La réussite d’un tel objectif passe immanquablement par l’éducation de nos peuples. Or, comme le disait Sœur Emmanuelle, « éduquer un homme c’est éduquer un individu ; éduquer une femme, c’est éduquer un peuple ! ». Le choix est tout tracé, bonne fête à toutes !
8 mars 2010 "
arica-union.org