Au lendemain d'une crise é conomique et financière internationale sévère qui n'a d'ailleurs pas fini d'affecter les économies de l'Afrique, les responsables d'une trentaine d'agences de promotion des investissements du continant se sont mobilisés lors d'une conférence jeudi à Yaoundé pour élaborer des stratégies d'attrait des investissements directs étrangers, indispensables au développement de leurs pays.
"Avec l'aggravation de la crise économique et financière, les flux mondiaux d'IED sont tombés d'un niveau historique de 1 milliard 979 millions de dollars en 2007 à 1 milliard 697 millions de dollars en 2008, en baisse de 14%", souligne rapport publié en septembre 2009 par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
En 2009, les tendances, inspirées des données préliminaires portant sur 96 pays, annonçaient un chiffre d'environ de 1 milliard 200 millions de dollars US au premier trimestre, soit un recul de 44% par rapport à la même période en 2008.
Globalement, la part de l'Afrique dans ces flux financiers reste faible, à 3%, d'après les statistiques. Bien que le rapport de la CNUCED sur l'investissement dans le monde salue un "bel essor" de 27% en 2008, avec une augmentation de 63% par rapport en 2007 en Afrique de l'Ouest, la meilleure performance continentale.
"La promotion des investissements en Afrique a été longtemps maintenue hors des grandes préoccupations des pouvoirs publics. Nous voulons convaincre nos gouvernements, grâce à notre persévé rance et à notre détermination, à mettre en place des agences de promotion des investissements et à leur donner les moyens pour mener leurs missions", a affirmé le directeur régional pour l'Afrique de l'Association mondiale des agences de promotion des investissements (en anglais WAIPA), Marthe Angeline Minja.
Pourtant, l'Afrique regorge de ressources naturelles en abondance, parmi lesquelles les minerais, a relevé le ministre camerounais de l'Industrie, des Mines et du Développement technologique, Badel Ndanga Ndinga. Le problème est que la majeure partie de ces produits sont exportés "sous leur forme primaire, sans transformation et sans valeur ajoutée".
Alors que ces ressources ont impulsé la croissance des industries d'autres régions du monde, les économies africaines, elles, demeurent "structurellement exsangues et lourdement tributaires du secteur primaire", a déploré M. Ndanga Ndinga pour qui, "pour réussir le pari de l'industrialisation accélérée de l'Afrique, les agences de promotion des investissements ont un rô le primordial à jouer".
Créée en 2005, l'Agence de promotion des investissements du Cameroun n'a été rendue opérationnelle qu'en février 2010, avec l'entrée en fonction de l'équipe dirigeante conduite par Mme Minja. Auparavant, c'est une simple cellule au sein du ministère de l'Industrie qui, depuis 1995, était chargée de l'application de la Charte nationale des investissements publics du gouvernement.
Dans bien des pays, les investisseurs étrangers intéressés par les opportunités d'investissement en Afrique sont très souvent dé couragés par un environnement des affaires peu incitatif, la corruption et la malgouvernance institutionnelle. Aussi le ministre camerounais de l'Industrie a-t-il jugé impératif pour les gouvernements de veiller à la stabilité économique et améliorer le climat des affaires.
Directeur général du Centre de promotion des investissements en Côte d'Ivoire (CEPICI), Daoda Silué a soutenu à Xinhua que le climat des affaires dans ce pays d'Afrique de l'Ouest "se porte tr ès bien".
"Notre pays, a-t-il dit, a mobilisé depuis 1996 jusque dans les années 2000 environ 150 milliards de francs CFA par an. A cause de la crise, ce chiffre est tombé à environ 85 milliards, mais aujourd'hui nous sommes remontés à 250 milliards de mobilisation des investissements directs étrangers par an".
Depuis la création de la CEPICI en 1993 jusqu'aujourd'hui, ces fonds s'élèvent à un total 2.500 milliards de francs CFA, assure M. Silué. "Nous avons créé plus 10.000 entreprises et 6.000 emplois", informe-t-il par ailleurs.
En Tunisie, les autorités visent un taux de 5% du PIB (produit intérieur brut) de l'investissement direct étranger, contre 3% à l'heure actuelle.
"Nous sommes à 24 milliards de dinars tunisiens, soit à peu prè s 14 milliards d'euros par an. Nous avons une croissance de plus de 13% par an sur une longue période, entre 2000 et 2008", a révél é le directeur général de l'Agence de promotion de l' investissement extérieur (FIPA), Amor Sassi.
L'économie tunisienne est basée sur l'exportation. Des réformes entreprises se traduisent en ce moment par des actions destinées à développer le marché intérieur. Ce qui a favorisé un taux de consommation actuel de plus de 5% par an.
"Notre taux d'inflation est de 3% et notre service de la dette est de moins de 10% des exportations", a aussi affirmé M. Sassi.
"Nous avons développé tout ce qui est confection. Maintenant, nous avons beaucoup de progrès au niveau de l'industrie mécanique, électrique et électronique, et tout ce qui est pièces détachées. Un autre créneau, nous sommes en train de fabriquer tout ce qui est pièces pour l'aéronautique", a-t-il ajouté.
Créée en 1995, la FIPA compte aujourd'hui environ 3.000 entreprises à participation étrangère, essentiellement dans l'industrie, pour près de 350.000 employés.
source:
http://french.news.cn/afrique/