Le 1er mai en République démocratique du Congo (RDC) a été fêté dans une atmosphère tendue et de morosité, ont constaté plusieurs observateurs.
A Kinshasa particulièrement, le défilé organisé sur le Boulevard Triomphal s'est terminé en queue de poisson suite aux incidents provoqués par certains travailleurs et quelques membres des partis politiques qui voulaient défiler pour exprimer leur ras-le bol devant les autorités présentes à la tribune et exprimer le malaise qui règne actuellement dans monde du travail en RDC, a indiqué un reporter d'une radio privée émettant à Kinshasa.
Face à cette fronde populaire, le service du protocole d'Etat a décidé carrement d'arrêter le défilé." C'est ce qui a provoqué un véritable désordre qui a obligé le vice-Premier ministre congolais et ministre de l'Emploi, du Travail et de la Prévoyance sociale, Joseph Mobutu Nzanga et les autres personnalités présentes à quitter la tribune", a expliqué le reporter.
Selon lui, au cours de ce défilé, les agents et travailleurs de l'Etat entendaient surtout dénoncer la faible participation du gouvernement congolais dans la concrétisation de sa mission visant à améliorer les conditions de vies des travailleurs, ces derniers accusant des retards dans le paiement de leurs salaires, et sans couverture sociale, ni des avantages sociaux. "En outre l'accès à un emploi décent susceptible de satisfaire leurs besoins vitaux est un leurre", a-t-il déploré.
LES PARENTS PAUVRES DE LA SOCIETE
Des observateurs locaux ont fait remarquer que la situation des travailleurs congolais en RDC est très préoccupante. Ces derniers font figure de parents pauvres de la société congolaise. La majorité d'entre eux accusent plusieurs mois d'arriérés de salaire que le gouvernement n'arrive pas à honorer.
"Tout le monde sait que la situation du travailleur congolais est très préoccupante, pour diverses raisons, d'abord l'économie dans son ensemble est loin d'être brillante. Conséquence, au lieu de créer ou de protéger les emplois existants, les entrepreneurs et l'Etat lui-même, jugent plus économique de renvoyer nombre de leurs travailleurs, ceux-ci, qui ne sont pas encadrés de manière efficace par des syndicats dignes de ce nom, sont comme livrés à eux-même et donc placés dans l'incapacité de défendre seuls et valablement leurs droits face à des patrons peu disposés à se livrer à l'exercice du dialogue social", a expliqué Mankenda Voka , l'éditeur et l'éditorialiste du quotidien congolais l'Observateur dans son édition du lundi 3 mai 2010.
Il faisait allusion aux milliers d'agenst qui ont été licenciés, sans indemnités de sortie lors de la faillite des sociétés minières de la province du katanga frappées par la crise économique et financière de 2009. Russel Matadi, membre syndical dans une entreprise de l'Etat en RDC a accusé le gouvernement congolais d'être de mauvaise foi, qui, depuis l'élection de 2006 réfuse d'appliquer le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), malgré les promesses faites après la mise en place respectivement des gouvernement Gizenga et Muzito.
Les dirigeants congolais font croire que le pays est en programme avec le Fond monétaire international et la Banque mondiale, et par conséquent il faut réduire les depenses, a-t-il martelé, montrant du doigt le train de vie de barrons de certains responsables.
Le président du comité syndical de l'Office National des Transports (ONATRA), Lambert Osango a quant à lui estimé que la réforme des entreprises de l'Etat amorcée par le ministère du Portefeuille aura été un véritable échec.
"Cette réforme a au contraire appauvri les entreprises publiques ... c'est le cas de l'Onatra qui a perdu plus de 200 millions de dollars américains suite à cette réforme du reste mal initiée et mal oriéntée. Il faut que le ministère du Portefeuille qui a initié cette réforme des entreprises soit interpellé", a-t-il affirmé.
Dans un environnement où le travail est désacralisé, le 1er mai est devenu une date où les travailleurs congolais interpellent les dirigeants congolais sur la mission qui leur est assignée, celle d'améliorer la situation sociale et salariale des travailleurs.
Pour beacoup d'observateurs, il est temps que les autorités congolaises fassent de l'améliorations de la situation sociale des travailleurs leur cheval de bataille.
"Il ne faut pas perdre de vue que le malaise social est ominprésent dans notre société" , a expliqué le secrétaire général du Sydicat des enseignants du Congo (Syeco), Jean-Pierre Kimbuya, relevant que le manque d'attention à cette question risque de conduire à une explosion sociale aux conséquences incalculables pour le pays.
Selon lui, beaucoup reste encore à faire pour améliorer les conditions de vie de travailleurs congolais : " Le gouvernement a donc intérêt à se ressaisir en oeuvrant pour le retour de la paix sociale, un facteur déterminant pour le développment du pays ", a-t-il conclu.
source:
http://french.news.cn/afrique/