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Le PM zimbabwéen annonce son retrait partiel du gouvernement d' union nationale (ANALYSE)

La population zimbabwéenne a accueilli avec des sentiments mitigés la décision du parti du Premier ministre Morgan Tsvangirai de se retirer partiellement du gouvernement.

M. Tsvangirai a annoncé vendredi que les ministres de son parti ne participeraient plus aux réunions et conseils des ministres jusqu'à la résolution de tous les problèmes en suspens concernant l'Accord politique global (Global Political Agreement ou GPA).

Si certains considèrent que cette réaction n'a que trop tardé, étant donnés les atermoiements du président Robert Mugabe et de son parti, le Zanu-PF, dans l'exécution de leur part du marché que constitue l'Accord politique global, d'autres jugent cette action inquiétante et craignent qu'elle ne précipite à nouveau le pays dans le déclin économique.

"C'est un pari. Que se passera-t-il si M. Mugabe campe sur ses positions? Ils doivent faire très attention, sans quoi cette manoeuvre pourrait leur retomber dessus", commente Reginald Matambanadzo, un habitant d'Harare.

L'économie enregistre des signes de redémarrage depuis la formation du gouvernement d'union nationale, mais aujourd'hui ces progrès sont remis en question par cette décision, dit-il. Toutefois, M. Matambanadzo blâme également M. Mugabe pour n'avoir pas rempli sa part des conditions du GPA, et souligne que toutes les parties devraient agir dans l'intérêt général du Zimbabwe.

Un autre habitant rappelle les nombreuses conférences auxquelles ont participé côte-à-côte MM. Mugabe et Tsvangirai pour s'efforcer d'attirer à nouveau les investissements dans le pays, estimant que tous les progrès accumulés depuis pourraient aujourd' hui disparaître à nouveau.

La formation de ce gouvernement d'union nationale en février dernier avait fait renaître l'espoir chez de nombreuses personnes, et permis l'accès aux produits de base sur le marché ainsi qu'un regain de confiance dans les performances de l'économie nationale. Les Zimbabwéens sont désormais dans l'expectative, et attendent la réaction du parti de M. Mugabe.

Lors d'une conférence de presse au siège de son parti, M. Tsvangirai a déclaré que le parti Zanu-PF de M. Mugabe avait fait la preuve de son absence de fiabilité et de scrupules au sein du gouvernement d'union nationale. Le parti informera la SADC de sa décision récente, a-t-il dit.

Il a fait savoir qu'il ne participerait plus aux réunions prévues chaque lundi avec M. Mugabe, et qu'il avait également annulé son voyage en Suède la semaine prochaine pour assister à la Journée européenne du développement.

On ne sait pas encore comment le gouvernement pourra poursuivre son travail sans la participation de plusieurs membres du cabinet aux réunions, et sans prise de décision collective.

L'heure est venue pour le MDC de revendiquer sa place de parti dominant au Zimbabwe, a estimé M. Tsvangirai, affirmant que son parti était le seul pouvant justifier son maintien au gouvernement par une légitimité démocratique.

"Pour cette raison, ce parti ne peut pas aujourd'hui tourner le dos au mandat conféré par le peuple. En revanche, c'est notre droit de nous dissocier d'un partenaire malhonnête et indigne de confiance. De ce fait, tout en restant au gouvernement, nous allons rompre dès maintenant tout contact avec le Zanu-PF et en particulier dans le cadre du gouvernement et du conseil des ministres, jusqu'à ce que la confiance et le respect soient restaurés entre nous.

"Cela impliquera la pleine résolution de tous les problèmes en suspens ainsi qu'une mise en oeuvre réelle du GPA. Nous sommes conscients des implications constitutionnelles de notre décision, à la lumière du caractère fondateur du gouvernement transitoire prévoyant le partage du pouvoir exécutif entre le président, le Premier ministre et le gouvernement.

"Cependant, cette crise constitutionnelle devrait se résoudre si le Zanu-PF et ses dirigeants comprennent qu'il y a un prix à payer aux atermoiements. Évidemment, en cas d'escalade de cette crise constitutionnelle, la solution qui s'imposerait naturellement serait d'organiser des élections libres et justes organisées par la SADC et l'Union africaine sous la supervision des Nations unies", a-t-il dit.

Le Premier ministre a en revanche souligné que ces élections ne pourraient avoir lieu qu'après la tenue d'un référendum sur une nouvelle Constitution.

Détaillant les raisons de son retrait partiel, M. Tsvangirai a cité l'absence de nomination de gouverneurs provinciaux d'autres partis que le Zanu-PF, les désignations de Gideon Gono comme gouverneur de la banque centrale zimbabwéenne et de Johannes Tomana comme procureur général, le refus de M. Mugabe de procéder à l'investiture de Roy Bennett, trésorier du MDC, comme vice- ministre de l'Agriculture, l'absence d'examen du GPA par la SADC six mois après la formation du gouvernement, le changement unilatéral par M. Mugabe de l'affectation de portefeuilles ministériels, les suspicions de militarisation dans les campagnes et le paiement de 16.000 membres des jeunesses du Zanu-PF sur le budget du gouvernement.

"Les médias publics, et en particulier The Herald ainsi que la ZBC continuent de traiter le MDC et ses dirigeants au gouvernement comme des traîtres et des vendus plutôt que comme de véritables partenaires et égaux au sein du gouvernement de transition", a-t-il ajouté.

Son parti est également contrarié par "l'application sélective de l'état de droit", et par la détention de M. Bennett pour terrorisme. M. Bennett n'est pas poursuivi mais persécuté, a estimé M. Tsvangirai.

"L'arrestation et la détention en cours du trésorier de notre parti, Roy Bennett, a fait la lumière sur le caractère fictif de la crédibilité et de l'intégrité du gouvernement de transition. Elle a montré l'absence de fiabilité et de scrupules du mouvement qui nous sert de partenaire au sein du gouvernement de transition. Elle a révélé cette évidence que le Zanu-PF nous considère comme un mouvement secondaire, instable et peu sérieux".

Si la détention de M. Bennett est un problème, le Premier ministre a également souligné que sa décision de retrait partiel était due à l'absence de progrès dans la résolution des litiges en suspens.

Toutefois, un observateur estime que l'affaire Benntt "est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase".

Si le Conseil de sécurité nationale est censé se réunir régulièrement, il n'a tenu qu'une seule session depuis la formation du gouvernement d'union nationale en février, a indiqué M. Tsvangirai, alors que le Commandement des opérations conjointes, dont la composition est identique sauf en ce qui concerne les hommes politiques, s'est bien réuni régulièrement. Par ailleurs, le dirigeant du MDC a accusé les médias de rapporter les événements de manière partisane et de dénigrer les membres du gouvernement d'union qui n'appartiennent pas au Zanu-PF.

M. Tsvangirai se défend d'avoir cédé aux machinations du Zanu- PF par cette nouvelle décision.

"Si le Zanu-PF nous poussait à agir ainsi, pourquoi avoir accepté la conclusion du GPA? Si c'est ce qu'ils souhaitaient, alors ils l'ont. Ils ne peuvent pas diriger seuls un gouvernement, que ce soit d'un point de vue constitutionnel ou juridique", a-t- il dit.

M. Tsvangirai a ajouté que son parti ne quitterait pas le gouvernement car il estime que les espoirs et les aspirations de nombreux zimbabwéens reposent sur son maintien en place.

"Nous sommes conscients de notre responsabilité d'apporter le changement à nos concitoyens. Nous sommes conscients des espoirs et aspirations de nos concitoyens".

Les responsables du Zanu-PF et de la faction mineure du MDC dirigée par Arthur Mutambara, qui avec le parti de M. Tsvangirai composent le gouvernement d'union nationale, n'ont pas souhaité commenter cette information pour l'instant.

2009-10-17 French. News. Cn
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