La Banque mondiale doit appuyer le secteur de l'éducation, créer les conditions d'accès à l'emploi mais surtout aider à une intégration sous-régionale des pays africains, estiment des experts africains réunis à Dakar pour une consultation sur la stratégie de la Banque mondiale pour l'Afrique.
Cette consultation qui a réuni des acteurs africains provenant de secteurs divers (privé, public, société civile, chercheurs) de plusieurs pays africains devait permettre à la Banque mondiale de corriger les critiques selon lesquelles cette institution décide seule sans impliquer les Etats concernés par sa politique de réduction de la pauvreté.
Du point de vue économique, l'intégration sous-régionale va, d' après ces experts, élargir l'horizon économique des pays africains en terme de marché. « Si vous prenez deux pays, par exemple le Sénégal et le Mali, il suffit de les regrouper pour que leur marché devient plus important car leur population va doubler. D'autre part ils feront des économies d'échelle puisque plus votre marché est important, plus vous produisez à grande échelle et plus vos coûts de production sont plus bas. Ce qui vous permet d'être compétitif », explique le président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), Mansour Kama.
Autres avantages liés à l'intégration : la libre circulation de bien et des personnes, des économies d'échelle sur les infrastructures routières, énergétiques etc « qui seront faciles à réaliser en terme de mobilisation financière ».
Pour Yaho Madeleine, conseillère du ministre des Finances de la Côte d'Ivoire, l'appui aux institutions sous régionales est une nécessité. Car sans développement intégré, il serait difficile, selon elle, d'arriver à un développement harmonieux dans une économie globale.
« A l'heure de la mondialisation, aucun pays africains ne peut s'en sortir seul. L'intégration est prioritaire pour les pays de la sous-région, car c'est ensemble que nous pouvons être fort », estime pour sa part la directrice de Action Aid de la Gambie, Khoudia Mané.
Dans le rapport des différents pays de la Région Afrique, de la Banque mondiale, les intervenants insistent sur la nécessité d' aider à l'intégration par la construction d'infrastructures. L' appui au développement des ressources humaines par l' investissement sur le capital humain (éducation et la formation) est, selon les acteurs, une autre priorité pour le développement de l'Afrique.
« Le développement se fait par les êtres humains et pour les êtres humains. D'où la nécessité de voir comment assurer une bonne éducation et une bonne formation dans nos pays », explique Bouba Diop, enseignant à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Selon lui, les Etats africains et les partenaires doivent opérer des articulations entre éducation formation et emploi. Mais insiste M. Diop, « cela suppose une bonne organisation des Etats et l'instauration d'un dialogue entre Etat, le secteur privé et la société civile. Sans consensus c'est possible de se développer ».
L'emploi des jeunes est un des plus grands problèmes auxquels les Etats africains sont confrontés.
D'après Shanta Devarajan, économiste en chef de la Région Afrique de la Banque mondiale, «l'Afrique a à peu près 200 millions de jeunes. Et chaque année, il y a 7 à 8 millions de jeunes qui entre dans le marché de l'emploi ». Selon Ali Goumbal , opérateur économique nigérien, le secteur privé est le seul facteur de développement en Afrique parce que pourvoyeur d'emploi. C'est pourquoi, dit-il, « la Banque mondiale doit, en collaboration avec les Etats, aider à mettre en place un cadre institutionnel pour permettre à ce secteur de se développer ». Ce secteur est fragilisé par l'avènement des multinationales, selon lui. Une politique agricole élaborée de manière consensuelle peut aussi être pourvoyeur d'emploi de l'avis de certains experts.
« L'emploi agricole qui peut générer beaucoup de flux au niveau de l'agriculture doit être une priorité pour l'Afrique à la fois pour assurer sa souveraineté et sa sécurité alimentaire », défend le Malien Makan Djilé.
La question de l'emploi est liée, selon les experts, à l' entreprise qui emploie, d'où le nécessité d'aider au développement du secteur privé africain.
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