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Côte d'Ivoire: une bombe à l'approche des élections

"L'affaire Tagro", du nom du ministre de l'Intérieur soupçonné de corruption, sème le trouble en Côte d'Ivoire, au moment où doivent être franchies les ultimes étapes pour organiser cette année un scrutin présidentiel constamment repoussé depuis 2005.

L'annonce dimanche dernier, par le porte-parole de Laurent Gbagbo, d'une enquête sur le ministre Désiré Tagro, un proche du président de la République, a fait l'effet d'une bombe.

Le parquet a un mois pour vérifier les affirmations du président de l'Assemblée nationale Mamadou Koulibaly - autre figure du camp Gbagbo - qui a accusé début juin M. Tagro d'avoir favorisé sa "tribu" pour l'entrée à l'école de police et marchandé les places au concours.

Le parquet, qui a entendu vendredi le patron des députés, devra aussi déterminer si le ministre a détourné des fonds destinés notamment aux victimes des déchets toxiques déversés en 2006 à Abidjan.

Côté présidence, on explique simplement cette enquête par le souci de "bonne gouvernance".

Une "moralisation de la vie publique" qui s'inscrirait dans le sillage de l'opération "mains propres" menée en 2008 dans la filière cacao et des récents limogeages au sein de la haute fonction publique et de l'armée.

Candidat à sa succession, "Gbagbo prépare sa campagne" et veut montrer que "personne n'est à l'abri", estime une source diplomatique occidentale.

Le camp Soro suspicieux

Mais si cette enquête suscite des tensions, c'est surtout parce que sont cités Guillaume Soro, Premier ministre et chef de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), et la société française Sagem, opérateur technique du processus électoral.

La présidence a en effet évoqué, à la suite d'articles de presse, une commission de "dix milliards de francs CFA (15 M EUR)" qu'aurait pu percevoir Désiré Tagro, "notamment (avec) le Premier ministre", de la part de Sagem.

L'entourage du chef du gouvernement a vite minimisé la portée d'accusations "infondées". Message: M. Soro n'est "pas concerné" et l'enquête n'a "aucun lien" avec le processus électoral censé clore la crise née du putsch manqué de 2002. Le pays est depuis lors coupé en un nord FN et un sud loyaliste.

Ancien porte-parole et "missi dominici favori du chef de l'Etat", négociateur de l'accord de paix de 2007, le ministre Tagro sera "blanchi" et en retour son accusateur Mamadou Koulibaly sera "seul visé", sur fond de guerre des clans autour de M. Gbagbo, croit savoir un proche de Guillaume Soro.

Les FN ont tout de même jugé bon de monter au créneau vendredi pour crier à "la calomnie" contre leur chef et appeler à ne pas "remettre en cause" le travail de Sagem, acteur clé de la préparation des élections.

L'opposition est allée plus loin. Pour elle, Laurent Gbagbo cherche à "atteindre" le Premier ministre et à "discréditer" Sagem pour "saboter le processus électoral" à une étape cruciale.

Bloqué depuis le début de l'année, le processus a redémarré en mai pour aboutir théoriquement d'ici fin juillet à la publication de la liste électorale définitive.

Pourtant, la "vérification" des inscriptions de quelque 1,7 million d'électeurs - lancée cette semaine pour répondre à l'exigence des pro-Gbagbo d'exclure les "fraudeurs" à la nationalité - risque de prendre plus de temps que prévu en raison de difficultés techniques, selon des sources proches du dossier.

Mais à la présidence comme dans l'équipe Soro, on évoque la même période pour la tenue du scrutin: octobre 2010. Le chef de l'Etat bouclerait alors un "deuxième mandat" et dix ans de pouvoir.

jeuneafrique.com
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